J’étais à la manifestation des sidérurgistes à Strasbourg et, comme tous, j’ai été bouleversée et choquée par les violences policières qui s’y sont déroulées. Dès l’annonce des événements, j’ai contacté le Président du Parlement européen, puis ma collègue Catherine Trautman, ex- maire de Strasbourg, pour toucher au plus vite la direction des forces de police. Ces contacts ont permis de désamorcer la violence policière mais trop tard hélas pour les blessés les plus sérieux, et notamment le jeune intérimaire verviétois qui a perdu un œil.
Je reste en contact permanent avec Catherine Trautman, qui se rend dans les prochaines heures au chevet du blessé que sa famille a rejoint. La parlementaire française a immédiatement interpellé par lettre le Ministre Vals, pour lui exprimer son indignation et exiger une enquête. Je la remercie, ainsi que tous mes collègues socialistes français pour l’émotion qu’ils ont immédiatement exprimée et les relais politiques qu’ils ont mis en œuvre.
Ceci dit, l’incroyable est que les violences policières aient été « des frappes préventives », qu’elles se soient déroulées- sur base d’une information de source belge mettant en garde la police française- alors que les manifestants n’avaient pas encore rejoint le point de rendez-vous. Je rends hommage au sang froid de l’immense majorité des sidérurgistes liégeois devant ces provocations.
Le soir de la manifestation, alors que les cars étaient rentrés sur Liège et que les leaders syndicaux épuisés attendaient dans un hôtel les dernières libérations et des nouvelles du blessé, je me suis rendue avec certains de mes collègues parlementaires à la projection d’un film sur les sidérurgistes retraçant le combat de ceux de Florange. Une délégation de Florange était présente. Le débat après la projection a été difficile et houleux, vu la situation, mais lorsque j’ai pris la parole en tant que Liégeoise, en évoquant notre combat wallon, la salle entière a ovationné ceux de Liège, nos sidérurgistes et nos politiques qui n’écartent aucune piste y compris celle de la régionalisation.
A la violence financière exercée par Mittal sur l’ensemble de la sidérurgie européenne, s’est ajoutée mercredi la violence policière. Ces combinaisons ne sont pas rares, mais qu’elles se passent à Strasbourg, berceau symbolique de l’Europe est encore plus choquant. Il n’est pas question de baisser les bras, ni sur le plan des suites à donner à ces violences, ni sur le plan du combat à mener pour Liège et pour le maintien d’une sidérurgie européenne. Paradoxalement, les victimes de Strasbourg renforcent encore ma détermination.