La venue du Président tunisien, Moncef Marzouki au Parlement européen:
Le Président Tunisien Moncef Marzouki était à Strasbourg, ce mercredi 6 février, pour livré un discours mémorable, sincère et très émouvant devant les députés du Parlement européen, au moment où la Tunisie est au bord de la crise politique la plus grave depuis sa Révolution de jasmin, suite à l’assassinat de Shoukri Belaïd, leader de l’opposition du Front populaire.
Le Président Marzouki a réaffirmé l’authentique aspiration démocratique des révolutions arabes: « Non! Il n’y a rien à craindre des révolutions arabes, ce ne sont pas des révolutions nationalistes ou xénophobes (…) ses révolutions sont avant tout sociales et démocratiques », quant à l’avenir des ces révolutions et notamment pour son pays la Tunisie, le Président rappel que : « le gouvernement -tunisien- fonctionne, et a remis en marche la machine économique (…) mais le gouvernement dysfonctionne par tous les conflits personnels et politiques propres à toutes les coalitions, nous n’avons pas cependant de meilleurs choix jusqu’aux prochaines élections que nous voulons aussi proche que possible ».
En matière d’Etat de droit, de droits fondamentaux et d’égalité entre les hommes et les femmes, le Président est ferme et rassurant: « nous rédigeons depuis des mois la Constitution d’un Etat démocratique et civile, d’une société plurielle avec les difficultés que cela comporte, mais là encore l’esprit de consensus l’emporte (…) Nous sommes absolument déterminés à promouvoir et à défendre toutes les libertés et à protéger les acquis de la femme! ». Il a néanmoins souligné l’importance que doit apporter l’Islamisme modéré au jeu démocratique tunisien qui est une composante majeure et essentielle du peuple tunisien, et a montré sa détermination à rester ferme face « aux idéologues qui ne voient ni la complexité ni la dynamique de la chose ».
Le Président est revenu sur le crime odieux de Shoukri Belaïd, le leader du Front populaire et Secrétaire général du Parti des patriotes démocrates, un homme qu’il a bien connu pour être son ami et pour lequel il avait une profonde admiration: » Cet assassinat politique est une lettre que nous avons reçu mais que nous ne répondrons pas! Nous refuserons ce message et continuerons à démasquer les ennemis de la révolution! ».
Finalement, Moncef Marzouki a rappelé les fortes attaches historiques, parfois douloureuses, qui lient « l’occidental du Nord et du Sud » (le mot « maghreb » veut dire occident en arabe) et l’importance du partenariat que la Tunisie et l’Europe doivent développer ensemble, afin de « s’investir mutuellement dans la consolidation de nos économies, permettant de consolider notre démocratie récente ». Au-delà de ces aspirations de développement économique, il va plus loin en aspirant à la concrétisation d’un projet d’Union Maghrébine sur le modèle de l’Union européenne: « C’est à dire l’Union d’Etats démocratiques et de peuples libres, travaillant ensemble pour le bien de tous! L’Union européenne nous fascine, car elle a réussi le plus remarquable des miracles, la réconciliation franco-allemande (…) laissez moi vous demander de préparer la venue de cette paix que nous attendons tous au Moyen-Orient! ».