Depuis quelques jours le blog était muet. Pourquoi ? Assommée par les « révélations » ? En vacances ? Non. Quand je me tais (et c’est bien la preuve que c’est moi qui tiens la plume !) c’est tout simplement que je n’ai plus ni le temps ni la force de frapper sur une touche de clavier. La tête en chou-fleur. Aujourd’hui, c’est la première fois que je bénis l’église catholique d’avoir su imposer ses fêtes religieuses. En temps normal je demande leur abolition. Aujourd’hui, je remercie le ciel d’avoir rappelé Jésus à lui et créé par la même occasion le long W.E de l’ascension. Le bénéfice de ce W.E a été immédiat : la machine à laver tourne, le lave vaisselle aussi. J’ai rangé les vêtements qui trainaient par terre dans la salle de bain. J’envisage de lire « Une minute de silence » de Siegfried Lenz car j’avais adoré autrefois « La leçon d’allemand » parue en 1971. Si je n’aime pas, j’ai « La trilogie berlinoise » de Philippe Kerr, sur laquelle je peux me rabattre. Donc j’ai des munitions. Tiens, je m’aperçois que ce sera une ascension allemande. J’ai ab-so-lu-ment besoin de faire un break et ce soir j’irai… non je n’irai pas au match historique Standard-Anderlecht, je n’ai pas de place et pas de filière spéciale d’entrées gratuites pour les députés européens. Donc j’irai au cinéma le Parc. Et demain tout ira bien. Chacun a sa façon de se ressourcer et, pourvu qu’elles marchent, toutes se valent. Moi, depuis une encéphalite contractée dans ma jeunesse, je supporte mal le bruit. J’ai absolument besoin de silence. Avec quelques livres, un cinéma, c’est OK. Des digressions, tout cela, pour ne pas parler des affaires me direz-vous ? Pas du tout.
Samedi 16 mai. J’étais à Frameries, à une réunion des Femmes Prévoyantes Socialistes sur la clause de l’Européenne la plus favorisée. Didier D. venait de démissionner et un ami « bien intentionné » m’avait dit – Si tu vas à Frameries, tu prends ton gilet pare-balles ! En fait, nous étions peu nombreuses, c’est vrai, mais Camille était là avec des militantes merveilleuses et c’était le meilleur du socialisme. Et la rage me prend parce que devant une crise sans précédent engendrée par un système ultra-libéral, c’est sur les dérives d’un ministre qu’on ouvre les journaux télévisés !? Loin de moi l’idée de couvrir les montages financiers de D. qui sont choquants et ont été immédiatement sanctionnés par sa démission, mais l’information qui fait vendre dépasse l’entendement. Quand l’autre « affaire », l’affaire B. éclate, toujours à Mons, je suis à un débat à Louvain La Neuve avec André F. et Armand Delcampe. Complicité immédiate entre les orateurs mais colère aussi. Car, quelle que soit la présomption d’innocence pour B., c’est nauséabond. Mais ça n’a rien à voir avec la politique. J’ai eu, dans mon passé professionnel, plusieurs fois à faire à des pédophiles. Parfois des collaborateurs expérimentés. Aimés de tous, serviables. Mais impliqués dans des réseaux criminels. Je n’y ai vu que du feu. Je me souviens même d’un ancien professeur que j’adorais. Il avait créé un atelier de modélisme d’avions dont j’étais membre. Et un club de photographie. Il nous invitait chez lui, car sa fille était dans ma classe, et nous filmaient déguisées en petites robes légères. Quand il a été emprisonné, le choc a été dur. Ici, il semble que le cas soit plus sévère. Je lis la presse et je vois : pornographie dure, vidéos de viols de bébé. Ignoble. On sait que circule un marché de vidéos de viols de bébés, dont certains ont les yeux cousus ou collés à la glue. Quand je travaillais comme psychologue, on voyait arriver à la garde des hôpitaux, des bébés filles martyres au sexe découpé avec des ciseaux « parce que le trou était trop petit » déclarait le coupable, un monstre qui n’avait plus rien d’humain. Depuis la seconde guerre mondiale, on a pris la mesure de ce que la turpitude de quelques uns pouvait s’ériger en système. Les expériences d’eugénisme du nazisme, la solution finale, n’en sont qu’un exemple. Nous ne sommes plus au IIIème Reich mais Internet, son libre marché, son absence totale de régulation et sa pseudo-liberté font resurgir de vieux démons. Tout est redevenu possible. Et les humains, surtout les plus faibles, peuvent être réduits à l’état de chose, de viande, de marchandise, pour assouvir les pulsions les plus abjectes.
Qu’on colle ces atrocités au socialisme donne la nausée. On n’est pas des saints, certainement pas. Oui, il nous faut balayer devant notre porte comme chaque parti devant la sienne. Mais aujourd’hui, il y a urgence à redresser la tête. Allons-nous réussir, au niveau européen, à relancer l’emploi et à défendre les droits de travailleurs ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. La gauche en est capable, elle en a la force et la volonté. Mais comme le dit Jean-Claude, ce ne sont pas les candidats, ce sont les militants qui gagnent les élections.
Mardi 19 mai. Bain de jouvence à l’école Marcel Radelet à Jemeppe-Seraing, qui vient d’être nommée école européenne par le conseil communal des jeunes de la ville. Je passe deux heures à répondre aux questions -non préparées par les professeurs- de jeunes de cinquième et sixième primaire. Tout y est passé : qui peut entrer dans l’Union, comment on fait pour devenir député européen, à quoi sert le Parlement, est-ce que j’habite à Strasbourg etc. Et partout, accrochées sur les murs de l’école, les traces colorées du projet européen des enfants : drapeaux, costumes, recettes de cuisines, capitales… Le soir, la fête à Christie dont l’accouchement est proche mais qui continue courageusement à faire campagne.
Mercredi 20 mai. Je monte à Bruxelles, séance radio puis retour au Hangar. C’est là que Jean-Claude insiste pour faire mon éducation chrétienne et qu’il m’apprend que l’ascension n’est pas l’assomption, que l’un c’est Jésus qui monte au ciel et l’autre la Vierge. Pour le moment je m’en fiche, pourvu que ce soit un vrai congé. Et dire que pendant que je me mets aux abonnés absents, une courageuse équipe de bénévoles distribue mes tracts dans le Luxembourg, j’ai honte !! Quand je vous disais qu’on n’était pas des saints !
Mais ces jours ont aussi été marqués par la mise à l’arrêt du haut fourneau B. Et là, c’est un sujet trop grave et trop triste pour que je puisse l’aborder aujourd’hui. Pendant près de vingt ans, sans discontinuer, j’ai fait des recherches dans la sidérurgie, ainsi que sur l’ergonomie et les accidents de travail. Je me suis refusée à faire de cet arrêt une publicité personnelle de campagne, style photo souvenir dans la Meuse. Il faut garder de la pudeur. Mais il faudra que j’en reparle car c’est trop dur. RV sur un autre blog.